Motard tué à Tourcoing : l’automobiliste condamné à cinq ans de prison
21/05/2025
ARTICLE PUBLIE DANS LA VOIX DU NORD, le 04 février 2025 par Alice FAVIER, photographie par Severine COURBE
Dernier jour du procès de l’automobiliste qui avait mortellement fauché un motard de 20 ans en mai 2018, à Tourcoing. Au terme de son réquisitoire, l’avocate générale a requis huit ans de prison. La cour d’assises a retenu l’acte volontaire et a condamné Ludovic Joubert à cinq ans de prison.
« Quand un véhicule se met à contresens pour bloquer la route aux motos, ça s’appelle un acte volontaire », plaide Me Blandine Lejeune, avocate des parties civiles qui s’appuie sur les rapports des experts en accidentologie. Deux d’entre eux rejettent la version de l’accusé. « Ils disent que le demi-tour n’est pas possible au regard de la configuration des lieux et de la vitesse », rappelle l’avocate générale. Pour le conseil de la famille de la victime, il n’y a pas de doute, Ludovic Joubert voulait faire tomber les motards. « Il n’est pas en train de vouloir les tuer, il est en train de vouloir récupérer sa moto. » Dans son réquisitoire, le ministère public parle d’une « action délibérée, concrète. Il savait qu’il risquait de la faire chuter ».
Messages effacés
Me Blandine Lejeune rappelle les recherches pour retrouver qui avait volé son deux-roues et à qui il avait été revendu. Les repérages dans la ZUP de la Bourgogne. Et enfin les messages violents effacés juste après les faits. « Je vais le cramer ce fils de p**e. » « Il se promène à la Bourgogne ce p**é. » « Ça aurait été lui, on lui aurait sauté dessus. » « On la sent cette rage », déduit Me Lejeune. « La volonté de vengeance grandit petit à petit », ajoute l’avocate générale.
"Il n’est pas en train de vouloir les tuer, il est en train de vouloir récupérer sa moto".
Me Blandine Lejeune, avocate des parties civiles
Un état d’esprit qui ne colle pas avec le profil de son client, souligne Me Emmanuel Riglaire, avocat de la défense. Pas de casier judiciaire, plus de six ans de contrôle judiciaire respectés, pas d’alcool ni de stupéfiants au moment des faits. Durant le procès, les proches de Ludovic Joubert ont parlé de quelqu’un de « calme », « bosseur », « jamais dans les histoires ». Surtout, Me Riglaire pointe le manque de preuve permettant d’établir la responsabilité de son client.
« Il n’y a pas de certitude »
« Sur la scène d’expertise, j’ai rien. On est obligé de faire un scénario sans avoir la photographie de départ pour comprendre la scène », déplore-t-il. Sur les circonstances des faits, la trajectoire de la moto de la victime, l’impact… « Il n’y a pas de certitude », déclare Me Riglaire qui plaide l’acquittement.
L’avocate générale avait requis huit ans de prison. Après plus de quatre heures de délibéré, la cour d’assises a décidé de retenir l’acte volontaire. Ludovic Joubert est condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt.